Après sa naissance, l’Ordre Cistercien connut une telle période de croissance qu’en à peine un siècle, il comptait déjà un très grand nombre de monastères dans toutes les parties de l’Europe. Mais, inévitablement, il dut aussi expérimenter des alternances entre périodes de grande ferveur et de fidélité au charisme originel et périodes de moindre vitalité . Il fallut donc mettre en place des réformes vigoureuses pour relancer l’esprit d’origine de l’Ordre. C’est pour cela que le Chapitre général se réunit chaque année pour examiner les progrès des communautés et pour assurer l’intégrité de la vie cistercienne et l’uniformité des observances fondamentales.
Plusieurs papes s’intéressèrent également au progrès spirituel de l’Ordre, deux d’entre eux allant jusqu’à émettre des bulles pontificales qui exigeaient des réformes dans certains domaines. Parvus fons, publié en 1265 par le pape Clément IV, donnait des normes pour le gouvernement dans l’Ordre, tandis que Fulgens sicut stella, émise au milieu du XIV°S. par le pape Benoît XII (un cistercien), traitait de la gestion financière et des études. Il revenait ensuite aux Chapitres généraux de mettre en oeuvre ces réformes
Mais pendant un siècle entier, en raison de la guerre de Cent Ans (1335-1435), les Chapitres Généraux furent suspendus ; et au cours du Grand Schisme d’Occident (1378 – 1417) les monastères eux-mêmes se retrouvèrent divisés en raison de leur allégeance à des papes rivaux. Quand la guerre et le schisme furent terminés, le Chapitre s’efforça d’atteindre, au moyen des visites régulières, les communautés qui s’étaient retrouvées les plus isolées et qui avaient besoin de réforme. Une attention particulière fut accordée à l’Europe du Nord et à la péninsule ibérique. En Espagne, Martin de Vargas projeta de revenir à une observance plus austère et afin de mettre en œuvre son projet, il fonda la Congrégation de Castille (1425), première congrégation cistercienne. Le Chapitre Général se tourna également vers les communautés d’Europe de l’Est, d’Angleterre, de Belgique et de Flandre pour leur venir en aide.
En 1494, Jean de Cirey, abbé de Cîteaux, lança courageusement un projet de reprise de l’observance monastique qui s’était trouvée longtemps affaiblie par la guerre, le régime de commende (régime particulier qui donnait aux rois le pouvoir de choisir l’abbesse ou l’abbé d’un monastère), et une mauvaise gestion généralisée. La codification de ce projet est actuellement connue sous le nom de : Les Articles de Paris. Par ailleurs, à la suite des divisions provoquées par la Réforme protestante et en raison de la montée du nationalisme, les monastères de l’Ordre furent progressivement divisés en groupes nationaux. Les congrégations qui virent le jour dans de nombreuses régions vers la première moitié de du XV°S., sont nées d’un grand désir de revivifier l’esprit cistercien, mais elles eurent tendance à disparaître dès la première moitié du XIX°S. Elles furent contraintes d’adapter leur mode de vie à de nouvelles exigences impulsées par le mouvement de réforme que l’Eglise allait connaître.
Pendant la période des Congrégations, tous les monastères de notre Ordre subirent de grandes transformations qui laissèrent des traces profondes et permirent une croissance tant au niveau spirituel et intellectuel qu’en ce qui concerne la vie communautaire.
Liste des Principales Congrégations Cisterciennes:
- 1425 Martin V: Congrégation de Castile
- 1497 Alexandre: Congrégation de St. Bernard en Italie
Après le Concile de Trente:
- 1567 Pie V: Congrégation du Portugal
- 1616 Paul V: Congrégation de la Couronne d’Aragon
- 1623 Grégoire XV: Congrégation Romaine
- 1623 Urbain VIII: Congrégation de Haute Allemagne
- 1806 Pie VII: Congrégation Helvétique
- 1894 Léon XIII: Congrégation Germano-Suisse